jeudi 16 novembre 2017

Inépui-Sable



"parlami la tua lingua »… L’amour pique et blesse, ravive intensément les anciennes douleurs. 




Recherches pour Inépui-Sable de Laure Dupont, avec Luc Bénard, Mathieu Bessero-
Belti, Mariyya Evrard, Alberto Franceschini et Hannah-Shakti Buhler.




Avec Laure et les danseurs, cet été, nous avons joué au couple. La rencontre, la rupture, l’incompréhension, la tendresse, la passion… Nous avons convoqué toutes nos expériences et les avons mises en commun, au service de tous. Nous avons les avons confiées, brutes de décoffrage, aux quatre vents de la Belle Usine. 
Les rencontres ont eu lieu au-delà des mots, dans la sphère du corps, dans le monde des gestes. Oh! la belle fabrique des sentiments… Quel formidable chantier!
Les dessinateurs ont dansé, les danseur ont fini par dessiner, nous nous sommes épanouis dans l'absence de places définies. Tout était mouvement, rien de figé. Laure avait ouvert les vannes de tous les possibles. 


A la Belle Usine à fully, pour Inépui-Sable, de la Compagnie Bertha



Alors j’ai découvert de nouveaux corps à corps et des yeux dans les yeux qui disent une autre forme d'amour. La danse permet que l’on se touche sans se connaitre, ça n’a l’air de rien, mais pour moi c’était un saut dans le vide. Et combien j’ai gagné à me frotter à ma vulnérabilité! Qu’il est bon de pouvoir être fragiles à plusieurs! N’est-ce pas l’essence même de la création? Le début de l’expérience? 
Quand je vois l’autre se mettre à nu, je le trouve fort. C’est là que s’exprime pour moi la puissance de l’humain: dans sa capacité à tomber le masque. 









Vous pouvez suivre les avancées et les actualités de la Compagnie Bertha sur sa page Facebook ou sur le site de Laure Dupont







vendredi 15 septembre 2017

L'empreinte des souvenirs








(pages de Mai)


Les dessins se chargent, avec le temps, de tout ce qui leur manque au présent. Ils se transforment avec la perte. Sur le coup ils étaient vides et forcément moins riches que le moment qui les voyait naître. Ils ne faisaient pas le poids. Mais quand l’instant est loin, au bord de l’oubli, ils sont tout cequi reste. Ils deviennent alors des vestiges précieux et rares, les seuls témoins d’une heure enfouies,effacée, engloutie sous les strates des autres, nombreuses, qui lui ont succédé.
La trace sous mes yeux en a sauvé une parmi la multitude. Elle a fixé un jour, une pensée, une émotion, un geste, un regard...
Les dessins auxquels je suis le plus attachées me rappellent le lieu et l’état d’esprit dans lequel je les ai fait. Un monde les complète. 


















samedi 2 septembre 2017

Bonjour Septembre, au revoir aux hirondelles














Ce matin un bébé hirondelle est entré par mégarde dans notre maison. Un ado plutôt, puisqu'il apprenait à voler de ses propres ailes. Je me cache derrière le canapé, de peur d'avoir à le cueillir mort. C'est M. qui s'y colle pour nous deux. Le petit est un peu sonné, mais il va bien. Il s'envole sitôt libéré. C'est un rejeton de la deuxième nichée de la fenêtre de mon atelier. Ils se préparent tous, parents et progéniture, pour le grand départ. C'est dans l'air. J'ai de la chance d'avoir un nid au dessus de ma tête. Des va-et-vients féconds m'accompagnent du printemps à l'automne. 
Je glisse moi aussi doucement vers le retour à l'intérieur depuis quelques jours. J'opère ma migration lente après un été fructueux, riche en découverte et heureux en partage. La saison a bien rempli son rôle de vie au grand air. 
Aujourd'hui, le vent est frais, je resterai à la maison. Tout est bien. Tout est bon quand il est l'heure. J'aime que le changement des saisons nous force à changer nous-même. Ca me plaît qu'on soit poussés à l'ouverture ou au repli en fonction du temps qu'il fait. L'été dure suffisamment pour qu'on oublie l'effet de l'hiver et vice-versa, alors on se redécouvre neuf, chaque année. C'est une éternelle surprise.
Petite, le cycle de 365 jours était partagé en deux périodes bien marquées: les catalogues printemps/été et les catalogues automne/hiver. Nous vivions en décalage, tendus vers l'après. Je me projetais en bikini en février et préparais Noël au mois d'Août. Avec ma mère nous feuilletions les pages en quête de ma prochaine nouvelle peau. Il fallait commander ni trop tard ni trop tôt et se laisser le temps de se rêver autre... C'était excitant, j'aimais ça!
Avec le temps, j'ai appris à vivre au jour le jour le plus souvent. Les projections m'angoissent plus qu'elles ne me stimulent désormais. Je ne sais pas comment ça s'est fait... Peut-être quand j'ai cessé de recevoir la Redoute et les 3 Suisses dans ma boîte aux lettre...




















dimanche 23 juillet 2017

L'oeil de la rivière







Et si on se taisait?  Si on ignorait  tout  de ce qu'on
veut dire?  Si on arrivait  à se tenir là, sans sécurité
 face au  vide?  On accepterait  que ce qui s'exprime
l' est par  un mystère,  une magie,  une  chose  plus 
grande que nous et qui nous échappe.  Ce qu'on a à
dire,  est-ce que ça compte vraiment?  Et si nous n'
avions  rien  d'important  à  dire,  aucun  message à 
délivrer...  Peut-être  qu'on pourrait (re)commencer 
à peindre.

Tout ce qu'il me faut d'effort pour revenir à un rap-
port simple à la création! Depuis des années, je ne 
fais  que  désapprendre.  J'ai décidé que  mon  seul
maître  désormais,  c'est le plaisir.  Cela n'exclut ni 
l'exigence ni la rigueur. N'y voyez pas une facilité!
Déjà, il faut savoir l'identifier. Où est-il? Habitué à
ce qu'on néglige  son enseignement,  il s'est parfois 
réfugié  dans  des  profondeurs à peine accessibles.
 Une fois déniché,  nous devront  le laisser nous gui-
der  sans  rechigner  ni  écouter les mauvais  élèves 
qui ne  manqueront pas de semer le  doute en vous. 
" C'est nuuul!!! Il y connait rien  ce prof!"  Ou alors:  
"Trop facile,  tout le monde sait faire ça!!!"  Et aussi: 
"C'est trop ringard ce truc! Il sait qu'on est au 21ème 
siècle ton Maître?!"  Etc. Etc.  Si les  rabat-joies  ne
manquent  pas  à l'extérieur,  ils sont  bien plus dan-
gereux et  difficiles  à combattre à l'intérieur de nos
propres  têtes.  Mais je suis  de mieux en mieux ar-
mée  et, peu à peu, le silence se fait. J'entends mon
maître  et le laisse tenir le pinceau avec moi.  Il n'y 
a plus de questions, plus de  jugement, le plaisir n'
est plus  coupable,  la voie  est  libre!!  Je patauge 
gaiement  entre eau et encre. Ni projet ni avenir.
Ni attente  ni ambition. Pierre parmi les pierres,  
poisson parmi les aprons,  libellule parmi les 
demoiselles.  A  la fois légère et  lourde.  
Claire et obscure.  Morte et vive. 








vendredi 9 juin 2017

Embrasser les creux, caresser les reliefs









Quand les ombres  du visage sont comme l'
eau  qui coule entre les rochers...  J'aime!!!!
Mon ventre palpite lorsque je dessine com-
la rivière.  C'est comme être amoureuse.  Je
me laisse  porter par le désir de caresser les
reliefs pleins,les galets ronds qui affleurent.
Je me balade à la surface  d'une joue,  d'une 
tempe,  je dessine  en creux pour révéler les 
sommets. Chair, os, plis, veine... Doux, dur,
tendre, sec, noir, blanc... Poitrine gonflée: c'
est ça, dessiner. Plus de questions à se poser
Juste,  écouter et laisser l'envie se  déverser,
 là où elle veut. Car quand elle est absente, c'
est le désespoir.  La tête prend le dessus, on 
n'y est plus.


















mardi 23 mai 2017

Cloporte, méduses et compagnie





     






Chercher la fraîcheur de l'ombre.
On ne croit jamais, quand on attend le soleil,
que s'il brulait à nouveau , on s'en cacherait.














mardi 16 mai 2017

Le jour où j'ai cessé de haïr les pigeons









J'ai chassé 10 fois l'animal estropié.
Il s'entête à vouloir me coller.
C'est le plus moche, il est tout abîmé.
Il voudrait faire copain mais ne voit-il pas que je le déteste?!
Dégoûtée, je l'envoie valser.
Il revient, je le jette, aller, retour...

Pourtant, dans la joie du soleil revenu, 
absorbée par ma lecture,
je finis par l'oublier et il en profite, le fourbe.
Je sens sa présence à ma droite.
De guerre lasse, je capitule.
"Que me veux-tu? C'est un sport national chez les pigeons
d'emmerder les humains? 
Qu'est que tu comprends pas dans la phrase 
"dégage, abruti"?"
Et là, il se passe un truc incroyable! 
Il me parle.
A chaque question que je lui pose, il mime une réponse, 
ouvre et ferme le bec comme s'il articulait des phrases...
C'est moi maintenant qui suis suspendue à ses lèvres.
Il finit d'ailleurs par le sentir et me lâche 
au beau milieu d'une passionnante conversation.
Il a eu sa dose, me tourne le dos et me plante là.
Ce volatile pouilleux me snobe! 
Il s'en va loin de moi, à l'autre bout du jardin.

Non mais dis donc, je pue du bec ou quoi?













mercredi 3 mai 2017

La marche du cloporte






Comment devenir et être encore?
Enfants, nous étions de petits animaux qui vivions sans le savoir.
C'est un état merveilleux...
Jeunes, nous sommes tous portés par cette ignorance,
qui nous laisse tout imaginer, tout espérer! 
Le monde nous tend les bras en grand.
Mais après... Comment continuer à générer une telle énergie?
Une fois qu'on en sait un peu plus sur cette histoire, 
comment ne pas en être accablés?
L'amertume éteint la lumière, la vieillesse guette.

Il m'arrive, par le dessin, la peinture, de renouer avec cette 
grâce enfantine. Elle n'est perdue pour personne.
Absorbée à ma tâche, je m'oublie. C'est reposant.
J'oublie ce que je devrais faire et être, les projections, l'avenir,
les ambitions, les peurs, les vexations...
Je cesse de me donner trop d'importance ou 
de me placer plus bas que terre.
Je suis juste à ma place, partie d'un tout, ni plus, 
ni moins importante qu'un autre.
Le temps passe alors à la vitesse du cloporte 
sur la brique chaude du potager, le matin.
Les journées cessent d'être scandaleusement courtes.
Elles ont la bonne longueur, 
elles durent ce dont nous avons besoin pour aujourd'hui.





















vendredi 7 avril 2017

Par la fenêtre de l'atelier













0. Je suis à l'atelier. Voilà voilà...
1. Pour commencer, j'ai peur. En général, c'est 
le moment que je choisis pour aller me faire 
un petit café pour me rassurer. Comme un 
enfant qui craint l'heure du coucher, j'ai soif, 
envie de faire pipi, un petit creux, n'importe!
Tout ce qui m'éloigne de ce face à face avec 
moi-même est bon à prendre...
2. Je suis de retour.
3. J'allume un bâton d'encens japonais. Un 
petit rituel qui ne peut pas faire de mal! Au
pire, ça ne fera que parfumer, au mieux, à la
fin du bâton, je suis dedans. Ca me laisse une 
petite 1/2 heure pour trouver la concentration.
4. Tiens! Si je coupais du papier?! Beaucoup!
(l'encens a brûlé aux deux tiers, je ne sais pas
si vous imaginez...)
5. Là, t'as assez déconné. Tu t'assois et tu 
bouge plus maintenant!
6. Premier coup de pinceau...
7. J'émerge au bout de trois heures. L'atelier
est rempli d'images qui viennent de naître. Je 
suis bien! J'ai l'impression d'avoir vécu des 
heures pleines, d'avoir été bel et bien là. J'ai
voyagé loin, le cul sur ma chaise. 
Le soleil passe derrière les arbres, c'est le soir.
Je suis un peu étourdie, détenduuuuue............
.........................................................................

A demain









(Nostalghia/ Andrei Tarkovsky)

mercredi 5 avril 2017

Rupestre








C'est une envie d'avant l'histoire.
Aussi naturelle que respirer: dessiner

Je réponds à ce qui est donné,
m'immisce dans la conversation 
de l'eau et des rochers.
Désolée de ma maladresse,
je me heurte à la perfection de 
ce qui s'est fait sans volonté.

J'abandonne ma trace et
me dis "c'était mieux avant".
Quand la pierre était nue. 

Je veux que l'encre s'efface vite,
qu'elle n'altère pas trop longtemps
ce merveilleux morceau de nature.
Je veux que ma parole soit éphémère.
Parce qu'au fond, il n'y a rien à ajouter
à cette simplissime beauté.


















Ecoutez ça!
Spiegel im Spiegle (miroir dans le miroir) Arvo Part.









jeudi 9 mars 2017

Le nombril et le reste






C'est pas un peu narcissique?

P't'être bien qu'oui, p't'être bien que non!
Peut-être, surtout, que ce n'est pas la question...
Pourtant on me la pose. Régulièrement.
Ce qui m'interroge moi, c'est qu'est-ce qui défrise ceux que ça turlupine...
Offensée, j'ai eu envie de me défendre, "Vous êtes à côté de la plaque!"

Mais au fond, qu'est-ce qu'on s'en fout?!

S'agit-il de comprendre ou d'accuser
 "méchante fille, tu te mates le nombril"?

Je ne m'observe pas plus que les autres,  
simplement je montre que je me regarde.
Droit dans les yeux pour m'habituer à moi-même.
Mon corps est tout ce que j'ai et il m'échappe. Sans cesse.
Il n'en finira jamais de se transformer. 
Et moi qui suis dedans, qui ne peux pas être ailleurs...

Je me montre nue.
Pas pour partir à la pêche aux compliments 
sur ma plastique parfaite et sans défaut,
mais juste pour ne pas en faire toute une histoire 
de cette satanée nudité.

Il ne s'agit pas de séduire,
de montrer un peu mais en cachant quand même,
de dévoiler ce qui me plaît et de taire ce que j'aime moins,
de prendre des poses appétissantes, poitrine haute, fesses bombées...

Je sais bien que vous le savez.

Je crois que jusque là je me suis un peu retenue,
par crainte de ce genre de soupçons.
Mais maintenant, je vous préviens, je vais creuser ce sillon
aussi profond que les rides qui ne manqueront pas de marquer ma peau,
jour après jour,
année après années,
jusqu'à ma fin.
Amen.











mardi 28 février 2017

La vie secrète des souvenirs


Petite, les jours d'ennui,
je fouillais les tiroirs de la maison à la recherche d'un secret.
Je crois que je l'espérais plus que je ne le redoutais.
Les albums photos étaient régulièrement passés au peigne fin. 
Je menais une enquête scrupuleuse.

Aujourd'hui, en redessinant mes photos d'enfance, 
je poursuis toujours le même but.
Je ne sais pas mieux ce que j'en attends mais cela répond à
un besoin véritable.
Je ne me rappelle aucun de ces moments photographiés et
ce dont j'ai gardé un souvenir n'a pas été immortalisé.
Comment croire ce que je vois? 
C'est un "moi" dont la mémoire a été effacée.
Des années fragiles comme le papier.







mercredi 8 février 2017

Il est 6 heures











Blues du dimanche soir. On rentre.
Le week-end toujours achevé prématurément nous plonge dans la mélancolie mes parents, mes soeurs et moi. A l’arrière, je suis assise au milieu, la place bâtarde. Je suis la plus jeune. 
Les adultes avancent vers leur lundi et remplissent la voiture d’une angoisse aigre. Le dimanche est la journée la plus courte de la semaine. A peine née, elle est condamnée par une fin précoce qui la teinte dès le matin. Elle n’a pas de soirée. Elle s’achève quand ma mère commence à charger des sacs dans le coffre de la 504.
L’heure et demi qui sépare la maison de campagne, vieille ferme ruinée, à notre HLM est un non-temps dans un non-lieu. Heureusement, il y a la radio pour nous distraire du néant. 
Nostalgie, RTL, « les grosses têtes »… Je soupçonne mes parents d’écourter le séjour pour pouvoir les écouter. 
Sagy… St Amour… Marboz… Bourg-en-Bresse! On est plus près du début que de la fin. 
Ca sent le saucisson. Papa rote.
« Il est six heures au clocher de l’église » Je tends l’oreille.
« Dans le square les fleurs poétisent » Gorge serrée.
« Une fille va sortir de la mairie » Mes yeux me piquent.

-C’est qui ça?
-Christophe! A chaque fois tu demandes!!

« Il faudrait que je lui parle à tout prix » Mon émotion ne porte pas de nom. Elle les contient toutes. Comme si je tombais amoureuse. Le monsieur chante pour moi les mots bleus, tous les mots bleus pour moi seule. Le trajet se colore et même la tristesse devient belle. Au son de sa voix, je me sens gonflée comme une éponge, imbibée de larmes et de rires. 


Comme mercredi dernier, salle Pleyel où j’ai pleuré sur les vestiges du chaos.










jeudi 26 janvier 2017

La bonne vieille drague à la Papa




Je vais vous raconter un peu ce qu'il s'est passé l'instant d'avant cet autoportrait...







Peut-être que je vous ai laissé penser que la vie en Ardèche était un long fleuve tranquille... Alors laissez-moi vous raconter une petite histoire.

Il est huit heures. Je sors tôt pour pouvoir profiter seule de la rivière et du soleil avant qu'il ne soit trop chaud. J'ai enfilé une petite robe légère et courte pour que mes jambes aient une chance de rattraper (un peu) mes bras en terme de bronzage. A part ça, pas particulièrement coquette ce matin, j'ai les cheveux sales, je les ai cachés avec un foulard. Pas maquillée, les yeux gonflés de sommeil, je vais juste bouquiner à la plage. Pas au Macumba (oui, ça existe encore).
Pourtant, alors que je passe sous le pont du village, qu'entends-je?! On me siffle, figurez-vous! Je me retourne, oui, je suis bien seule, c'est bien à moi que l'hommage est adressé. Merveilleux! Je me sens d'un coup propulsée dans les années 80 (1980). Une espèce en voie d'extinction me guette du haut du pont. De son perchoir, il n'a pas pu voir ma tronche ce matin,  mais il semblerait que le reste soit à son goût. De toutes façons, y a que ça! A 8h du mat, on fait pas le difficile! Je l'ignore. Il insiste. Je vais m'asseoir plus loin sur la plage et sort un livre ostensiblement, pensant décourager l'individu. Dans ma tête, ça veut dire clairement "Non, merci, vraiment, sans façon", mais il ne l'entend pas de cette oreille là, les femmes, ça commence toujours par dire non, c'est bien connu... 
Il ne se lasse pas de siffler et moi, je suis désemparée. De nous deux, je ne sais pas pour qui j'ai le plus honte. Y a-t-il vraiment la moindre chance pour lui que cette femme qui sort seule de bonne heure pour être tranquille, en tong, avec un fichu sur la tête soit tout-à-coup séduite par le sifflet d'un (vu de loin) motard sur le retour et se décide, comme hypnotisée, à fermer son bouquin pour aller rejoindre Roméo sur le pont pour une partie de jambe en l'air torride? 
En tous cas, c'est mort pour mon moment sympathique. Je me lève, vexée d'être forcée de capituler devant tant de bêtise. 
Eh bien figurez-vous que lui, à ce moment-là, sa queue a frétillé comme elle a pu dans son pantalon serré. Il a cru que c'était gagné. Le voilà qui enfourche sa moto pour me rejoindre. 
Paniquée, je me cache sous un figuier pour lui échapper. Il fait deux fois le tour du village sur son bolide pour me chercher. Puis, comprenant enfin, il renonce et lâche sa proie. 

Moralité, les filles, si vous voulez faire comprendre à un relou que vous n'êtes pas intéressée, c'est pas compliqué, cachez-vous sous le figuier!










(oui, je suis encore énervée. 
J'ai tapé "chanson connard" sur youtube 
et voilà ce que j'ai déterré! fantastique!
Je chantais ça à tue-tête à 7 ans)



mardi 3 janvier 2017

Un beau chantier, oui!






Je n'ai pas le souvenir d'avoir éprouvé un sentiment de renouveau particulier 
au changement d'année à cette époque-là. Le renouveau c'était chaque jour 
et je n'y pensais pas. 
C'est en grandissant que l'on apprend à s'attacher aux symboles, et pourquoi pas... 
S'ils nous rappellent que peut-être, il serait temps de changer 2/3 trucs, 
ils remplissent bien leur rôle. Ils agissent comme le tintement d'une clochette qui nous dit 
"on se réveille! C'est maintenant que ça se passe!". 
Une nouvelle année, c'est aussi pour moi le moment de boucler le cycle 
de la précédente et de faire le point. 
2016 a été très contrastée. J'y ai rencontré plus de joies et de peines 
que les années précédentes, je m'y suis sentie plus vivante, comme m'éveillant 
d'un long sommeil. 
Je peux dire, en la regardant de 2017, que 2016 compte parmi mes plus belles années. 
En route pour la suite!!!