vendredi 15 septembre 2017

L'empreinte des souvenirs








(pages de Mai)


Les dessins se chargent, avec le temps, de tout ce qui leur manque au présent. Ils se transforment avec la perte. Sur le coup ils étaient vides et forcément moins riches que le moment qui les voyait naître. Ils ne faisaient pas le poids. Mais quand l’instant est loin, au bord de l’oubli, ils sont tout cequi reste. Ils deviennent alors des vestiges précieux et rares, les seuls témoins d’une heure enfouies,effacée, engloutie sous les strates des autres, nombreuses, qui lui ont succédé.
La trace sous mes yeux en a sauvé une parmi la multitude. Elle a fixé un jour, une pensée, une émotion, un geste, un regard...
Les dessins auxquels je suis le plus attachées me rappellent le lieu et l’état d’esprit dans lequel je les ai fait. Un monde les complète. 


















samedi 2 septembre 2017

Bonjour Septembre, au revoir aux hirondelles














Ce matin un bébé hirondelle est entré par mégarde dans notre maison. Un ado plutôt, puisqu'il apprenait à voler de ses propres ailes. Je me cache derrière le canapé, de peur d'avoir à le cueillir mort. C'est M. qui s'y colle pour nous deux. Le petit est un peu sonné, mais il va bien. Il s'envole sitôt libéré. C'est un rejeton de la deuxième nichée de la fenêtre de mon atelier. Ils se préparent tous, parents et progéniture, pour le grand départ. C'est dans l'air. J'ai de la chance d'avoir un nid au dessus de ma tête. Des va-et-vients féconds m'accompagnent du printemps à l'automne. 
Je glisse moi aussi doucement vers le retour à l'intérieur depuis quelques jours. J'opère ma migration lente après un été fructueux, riche en découverte et heureux en partage. La saison a bien rempli son rôle de vie au grand air. 
Aujourd'hui, le vent est frais, je resterai à la maison. Tout est bien. Tout est bon quand il est l'heure. J'aime que le changement des saisons nous force à changer nous-même. Ca me plaît qu'on soit poussés à l'ouverture ou au repli en fonction du temps qu'il fait. L'été dure suffisamment pour qu'on oublie l'effet de l'hiver et vice-versa, alors on se redécouvre neuf, chaque année. C'est une éternelle surprise.
Petite, le cycle de 365 jours était partagé en deux périodes bien marquées: les catalogues printemps/été et les catalogues automne/hiver. Nous vivions en décalage, tendus vers l'après. Je me projetais en bikini en février et préparais Noël au mois d'Août. Avec ma mère nous feuilletions les pages en quête de ma prochaine nouvelle peau. Il fallait commander ni trop tard ni trop tôt et se laisser le temps de se rêver autre... C'était excitant, j'aimais ça!
Avec le temps, j'ai appris à vivre au jour le jour le plus souvent. Les projections m'angoissent plus qu'elles ne me stimulent désormais. Je ne sais pas comment ça s'est fait... Peut-être quand j'ai cessé de recevoir la Redoute et les 3 Suisses dans ma boîte aux lettre...