jeudi 19 avril 2018

Trois fois rien






Les hirondelles de ma fenêtre sont revenues. Le soleil aussi semble s’installer pour de bon. 
J’irais cueillir quelques cailloux tout à l’heure, avant que bronzeurs, visiteurs et constructeurs de châteaux de sables n’investissent le territoire. 
Me dérangent-ils? 
Disons que sans eux, mon rendez-vous avec la rivière est sans entrave. 
Quand les autres sont absents, le monde n’est que roche et soleil, sable, ciel, eau et gazouillis d’oiseaux. A l’arrivée des baigneurs, la nature s’éclipse. 
Moi qui aime disparaître, je deviens tout-à-coup visible, ma solitude voyante comme le nez au milieu du visage. 
Je vais là-bas pour me couler dans le paysage et ne plus sentir l'humain en moi, que la vie. Mais les autres ne cessent de nous refléter à leur image. 

Alors je me décale dans le temps. De bonne heure, sur une poche de sable confortable, je deviens pierre parmi les pierres, insecte, branche, fleur… Trois fois rien. Je ne suis rien et c’est bon. Je me repose de moi-même et de tous les miroirs du quotidien. 











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